Salut à tous,
Cela fait très longtemps que je ne suis pas passée dans le coin pour donner des nouvelles de Spoutnik et Pistache, mon gris du Gabon, et la petite ara maracana de ma fille.
Pour ceux qui ne me connaissent pas, un petit historique de la situation... Mon mari m'a offert Spoutnik pour mon anniversaire le 06 juin 2045 : un petit gris EAM tout récemment sevré, dont je rêvais depuis très longtemps, ayant perdu un perroquet de manière brutale quand j'étais toute jeune. Spoutnik avait la chance d'avoir toujours quelqu'un avec lui, puisque mon mari était à la maison. Il ne parlait pas trois ou quatre mois après son arrivée, à part pour dire coucou, mais était en pleine forme. Puis, Stéphane, mon mari, est tombé malade : cancer des poumons, déjà généralisé. Pour ne pas que Coralie, notre plus jeune fille, passe ses vacances de Noël à s'occuper de lui et à angoisser, nous avons eu l'idée de lui offrir son propre plumeau, et c'est ainsi que, le 19 mai, arrivait Pistache. Le lendemain, nous partions en urgences à l'hôpital, pour 24h, pensions-nous... et Stef est mort durant la nuit.
Tout cela a eu des effets assez désastreux sur tout le monde, comme on peut l'imaginer. Pour Spoutnik, cela a été à la fois le déclenchement du langage et le renforcement d'une tendance au piquage, car je n'étais plus en état de m'en occuper. Pour Pistache, qui n'a jamais connu la normalité, cela a eu moins d'effet, sinon d'être un perroquet en (grande) cage, car nous n'avions pas l'énergie de vraiment la familiariser comme il aurait fallu, si tout avait été normal. En apparence, j'ai fait face, je me suis battue, j'ai appris à dompter une voiture sans permis (je suis en pleine campagne, et sans conduire... bref), j'ai cherché des solutions pour gérer mes 2.6 hectares, mes 40 animaux, mais en réalité et quand j'étais seule avec les perroquets, c'était l'horreur.
Seize mois après, où en est-on ? Spoutnik avait arrêté de se piquer, mais il a repris de plus belle avec la crise d'ado et l'arrivée du chien (j'avais besoin d'une motivation pour sortir de chez moi). Là, il ressemble à un poulet prêt à cuire, même si par ailleurs il pète la forme. Il refuse de voler, alors qu'il sait faire. Il est excité sexuellement presque en permanence et peut être un peu chiant dans ces moments-là. Il parle... de manière impressionnante. Je n'ai pas compté, mais il doit bien maîtriser 200 mots, et il ne se trompe jamais sur les noms, sur le "tu" quand il parle à quelqu'un, sur le "Spoutnik" quand il parle de lui. Il teste en composant ses phrases : par exemple, en ce moment, c'est le "tu veux que j'te", qu'il teste avec tout ce qu'il connait et corrige en fonction de nos réactions - avec parfois des résultats hilarants, genre "tu veux que j't'ouvre le chien ?". Il faut que je m'en occupe plus, que je le réhabitue au harnais, aux sorties, mais je suis... épuisée. Il n'est pas malheureux, mais moi j'ai l'impression d'être nulle, et de devoir tout reprendre à zéro avec lui - tout en ayant à gérer le boulot, le terrain, la maison, les enfants qui sont tous en pleine préparation d'examens et de concours, les autres bestioles, le chagrin... et mes propres soucis de santé. Pas simple. J'attends les grandes vacances pour me faire un planning de reprise en mains. Stef et moi, on était un couple à l'ancienne : ensemble depuis le début (notre première histoire à tous les deux) et ça aurait fait 25 ans de mariage la semaine dernière...
Pistache, elle, est superbe, ne se pique absolument pas, mais elle est très exclusive, avec Coralie - moi, elle ne peut pas me sentir. Elle commence à parler un peu, ce qui n'est pas fréquent pour son espèce : coucou, tu veux un bisou, Pistache, Spoutnik. Elle a une voix de casserole, mais elle est trognon. Coralie s'en occupe bien, mais elle n'ose pas trop la sortir, parce qu'elle n'aime pas Spoutnik, et a peur du chien (la perroquette, pas ma fille).
Voilà voilà. J'essaierai de revenir de temps à autre, il faut juste que je trouve l'énergie. Voilà voilà. Bisous.