Celtine, je m’immisce dans ton post si tu permets.
Je pense tout comme toi que c’est en partageant nos expériences avec des cacatoès que l’on pourra en faire réfléchir certain(es) qui songent à en adopter un. Le problème c’est que bien des gens se disent
:« Avec moi ca va être différent! » et il finisse par adopter un cacatoès sans réaliser dans quoi il s’embarque réellement. Car c’est vrai qu’à regarder ces grosses poules blanches duveteuses, maudine qu’ils ont l’air inoffensif!!!! Tout le monde le sais, ils ADORENT se faire minoucher, tourne la tête, en redemande… et ils ont des yeux, des yeux qui te regardent l’air de dire :
« Prend-moi avec toi, on va s’aimer pour la vie! ». Et pourtant… ils ont vraiment un côté Dr Jekyll and Mr Hyde.
Il y a quelques temps, j’ai recueilli chez moi Kirby, un cacatoès triton qui allait être euthanasié par son propriétaire. Souffrant d’automutilation, il avait percé son jabot et la nourriture en ressortait. Je l’ai adopté pour lui éviter la mort. Grace aux soins vétérinaires appropriés, Kirby s’est physiquement rétablit à 100%. Son problème de picage et d’automutilation est chose du passé. La totalité de ses plumes sur son cou et sa bedaine ont repoussées. Physiquement, Kirby va on ne peut plus bien. Mais, mentalement, c’est une toute autre histoire…. Car Kirby est un mâle cacatoès fortement imprégné à l’humain.
Kirby me considère comme sa conjointe, il est donc extrêmement dangereux avec toute autre personne de la famille qu’il considère comme ses rivaux. Ils sont dans SON territoire. Car dans la tête d’un mâle cacatoès, il est le boss, moi étant sa conjointe je suis bonne 2e, et les autres et bien les autres n’ont pas d’affaire là !!! S’il entend la voix de mon conjoint ou de mon fils dans la maison, il fait une fixation et veut les trouver à tout prix pour les attaquer. Dans ces moments, il est comme « en transe », rien, mais alors rien ne peut lui enlever son idée. Il les cherche dans la maison, court par terre comme un fou. Il a mordu mon conjoint à plusieurs reprises jusqu'à l'os. Cela a parfois nécessité des points de suture et à deux reprises, il s'agissait d'une fracture de l'os ouverte. Il a également mordu violemment mon labrador… et il a essayé de s’en prendre aussi à Leeloo, ma femelle cacatoès alba. Les cacatoès ont une puissance du bec incroyable !! Il faut être constamment sur nos gardes. C’est une chance qu’il ne s’en soit pris qu’aux bras et aux membres inférieurs. Vous comprendrez que je ne peux plus le sortir en présence de quiconque. Les sorties hors de la cage demandent de l’organisation pour s’assurer de la sécurité des autres membres de la famille. Pourtant, je redouble vraiment de précaution avec lui, mais pas facile lorsque c’est lui qui cherche à tout prix à les retrouver dans la maison. Et puis, lorsqu’il est sur moi, il ne pense qu’à se masturber. Il recommence et recommence sans cesse…
Par ailleurs, je tiens à mentionner que les premières semaines suivant son arrivée chez moi, Kirby était doux et gentil avec tout le monde. Mon conjoint pouvait le prendre, le caresser sans problème. Même chose pour mon fils, pour le vétérinaire etc ... Une vraie doudou. Puis, il m'a choisi pour conjointe et il est devenu un tout autre oiseau. Rien, mais alors rien à voir avec ce qu'il était au moment de son arrivée chez-moi. Cela peut facilement prendre un bon 6 mois avant de voir la réelle personnalité d’un perroquet nouvellement adopté.
J’ai reçu l’aide de comportementalistes qui m’ont donné de précieux conseils, mais encore là, mes attentes devaient être réalistes. J’avais entre les mains un mâles cacatoès mature sexuellement avec de sérieux troubles de comportements. Le renforcement positif, les réprimandes … rien n’a donné de résultat concret. Après quelques temps et à contre-coeur, je me suis tournée vers des alternatives médicales proposées par mon vétérinaire aviaire. Ce fut un échec total là aussi. Malgré les divers traitements essayés, il n’y a eu aucune différence notable dans le comportement de Kirby.
Il y a quelques semaines, à bout de force et de ressources, j’ai dû me rendre à l’évidence qu’il était tout simplement trop dangereux de garder un cacatoès male comme Kirby avec un jeune enfant de 3 ans sous mon toit. Ceci étant dit, trouver une solution n’est pas une mince affaire. Lui trouver une autre famille pour qu’il se retrouve sur les petites annonces dans 6 mois et ainsi de suite ???? Impensable… Car soyons réaliste, je pourrais compter sur les doigts de ma main le nombre de personne qui pourrait endurer cela. Je vous fais grâce ici de mon long processus de réflexion, mais j’ai finalement choisi d’envoyer Kirby au World Parrot Refuge. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est en fait un sanctuaire pour perroquets situé en Colombie-Britannique. Un de ses sanctuaires dont nous aurions cruellement besoin ici au Québec. Les oiseaux y vivent en liberté totale, dans des volières géantes, par groupe d’espèces. Ils ont environ 800 perroquets, dont 200 cacatoès (ce sont de loin les cacatoès qui sont les plus nombreux… ca donne une idée). Ils vivent une vraie vie d’oiseaux et étrangement contrairement à ce que l’on pourrait croire, même les perroquets EAM fortement imprégnés à l’humain apprennent rapidement à se comporter « en oiseau ». Je vous mets en lien une vidéo qui présente le refuge :
http://www.youtube.com/watch?v=Tg9FKgQC ... re=related. La responsable du refuge Wendy Huntbach, a fait le trajet en avion depuis la Colombie-Britannique pour venir le chercher. J’ai assumé les frais de son transport et je vais continuer de parrainer annuellement Kirby par une généreuse donation. Je l’ai cédé à un refuge, mais je considère qu’il est toujours de ma responsabilité de veiller à son bien-être. Dans mon cœur, Kirby aura toujours une place privilégiée. Vous n’avez pas idée comme ce fut difficile de le laisser partir. Mais je sais aujourd’hui, malgré ma peine, que j’ai fait le bon choix (merci à tout ceux, vous allez vous reconnaitre, qui m’ont aidé à être en paix avec cette décision). Depuis qu’il est parti, soit 19 jours aujourd’hui, pas une journée je n'ai songé à lui et versé une larme. Mais, j’ai régulièrement de ses nouvelles. Il va très bien et apparemment fait déjà partie de la gang grâce à un petit cacatoès à huppe jaune nommé Duke qui l’a pris en affection à son arrivée.
Pour conclure ce témoignage sur la vie avec les cacatoès, je voulais parler des cris. Oui, je sais, on en entend souvent parler, mais je pense qu’il faut l’avoir vécu pour vraiment réaliser et comprendre ce que c’est. Les mâles cacatoès ont la réputation de crier plus fort que les femelles. Encore là une question de pouvoir. Ils aiment crier comme des SUPER mâle bien viril, à pleins poumons!! Mais pour les cris, je dois dire que mâle ou femelle, avec un cacatoès, il faut s’attendre à des cris très puissants qu’on pourra entendre de TRES loin. Il est absolument impossible de vivre en logement avec un cacatoès. J’ai trouvé une vidéo qui représente assez bien le genre de cris que l’on doit endurer chaque jour. Ca donne une idée à ceux qui seraient tenté :
http://www.youtube.com/watch?v=rYoWg_a- ... re=related
Vivre avec un cacatoès, c’est être capable d’endurer ça plusieurs fois par jour, parfois pendant de longues heures. Oui, il m’est arrivé et il m’arrive encore aujourd’hui d’avoir besoin de sortir et de prendre l’air car je ne suis plus capable de supporter les cris. Car même chez un oiseau bien éduqué il faut s’attendre à des cris lors de certaines périodes de la journée. Leeloo, par exemple, crie un peu le matin… généralement 20-30 minutes. Puis, elle a l’habitude de se mettre à crier vers 16h00. C’est son heure… ca dure 1h, 2h… tout dépendant de son humeur. Ce n’est pas qu’elle a envie de quelque chose ou qu’elle essai de m’exprimer un besoin, elle a juste envie de vocaliser comme tout oiseau qui se respecte. Elle joue, elle s’excite. Regarder la vidéo ci-haut et demandez-vous, suis-je capable d’endurer ce cri pendant plusieurs heures ?
Si ces quelques lignes peuvent un jour servir à éviter ne serait-ce qu’UNE seule adoption impulsive d’un cacatoès, alors je serai la plus heureuse des femmes. Merci de m’avoir lu jusqu’au bout.