par Benague » Jeu Oct 08, 2009 3:21 pm
Quelques infos juste pour être vigilent:
Ethanol : Pas de fumée sans feu ?
Quels dangers présentent la cheminée au bioéthanol ? Ce nouvel objet, présenté comme un chauffage d’appoint ou un must-have design et écolo, a gagné les foyers français. Mais la Commission de Sécurité des Consommateurs (CSC) a rendu un avis qui va à l’encontre des qualités vantées par les distributeurs, en les présentant comme des sources de brûlure, d’incendie et d’intoxication.
Une cheminée sans conduit, sans suie, sans fumée, sans odeur, ça existe ! Les cheminées au bioéthanol bénéficient de ces arguments de vente, ainsi que d’une utilisation très simple et d’un design élégant. D’où leur rapide succès, avec 80 000 unités vendues par an depuis 3 ans en France. Attirés par le coût de revient peu élevé de ces produits, les intervenants se sont multipliés sur le marché, des professionnels de la cheminée à la grande distribution, de la fabrication française à l’importation de produits asiatiques. «Nous avons recyclé la lampe d’après-guerre à alcool à brûler pour en faire un écrin alimenté à l’éthanol. Notre vocation n’est pas de vendre du chauffage mais un bel objet», précise Marc Gésiot, responsable d’Alfra France, importateur des foyers Alfra fabriqués en Allemagne et détenteur de 8% du marché français.
Premier bémol : ces cheminées n’ont rien «d’écolo» ou de «bio». Les arguments de vente insistent sur la source végétale et renouvelable du combustible, mais l’éthanol provient de plantes issues de l’agriculture intensive. Ce n’est pas la seule critique, et la Commission de Sécurité des Consommateurs (CSC) est plus sévère.
Interdire la commercialisation
« Les distributeurs et fabricants profitent d’une mode écolo-design pour vendre des produits dangereux, pour lesquels les investissements en recherche sont nuls», s’insurge Guy le Goff, responsable communication de la CSC. Cette attaque est fondée sur l’analyse de risques commandée par la CSC et l’UFC Que Choisir, réalisée par le Laboratoire National de métrologie
et d’Essais (LNE). Verdict : risques de brûlure, d’incendie et d’intoxication au monoxyde de carbone (CO). «L’éthanol s’évapore à partir de 15°C, c’est son point éclair. Celui du pétrole
monte à 60°C. Si, à l’allumage, des vapeurs d’éthanol stagnent au-dessus du foyer, l’utilisateur risque d’être brûlé par un “effet flash”» explique Sylvain Curty, chef de projet certification au
LNE. Quant à l’intoxication au monoxyde de carbone, elle résulte d’une mauvaise ventilation ou d’un foyer surdimensionné par rapport à la pièce. «Il n’existe pas de produit sûr à ce stade, assure Guy le Goff. Nous demandons la suspension de toute commercialisation tant qu’il n’y aura pas de dispositif prévenant les brûlures et les intoxications.» Une telle interdiction avait frappé les premiers convecteurs à pétrole, le temps de créer une réglementation les encadrant.
Norme Afnor en cours
Pour l’instant, les foyers à éthanol relèvent de la directive sur la sécurité générale des produits, faisant porter aux professionnels la responsabilité de cette sécurité. Des certificats de qualité existent, comme le TUV allemand ou la marque NF, qu’aucun opérateur n’a demandée à ce jour. Cette dernière sert de base aux travaux de normalisation entamés début 2008 par l’Afnor, auxquels participent les parties prenantes du marché, dont Alfra France. « Il n’y aura pas l’appareil de chauffage plus sûr que la cheminée à éthanol conforme à cette norme qui devrait sortir fin 2009, assure Marc Gésiot. Aujourd’hui, les émissions de CO2 de nos foyers n’enclenchent pas les détecteurs et je n’ai eu aucun retour de mes clients sur d’éventuels maux de crânes ou nausées. Nos produits sont vendus avec leurs accessoires de sécurité, une notice d’utilisation et des conseils en magasin par des vendeurs formés. Par contre, les produits vendus 40 sur Internet, sans adresse, sont vraiment dangereux.» Au LNE, Sylvain Curty rassure : «Evitons les amalgames. Il ne faut pas mettre tous les produits dans le même panier ! » Ce que l’avis de la CSC semble corroborer, en pointant du doigt la grande distribution et les foyers à éthanol qu’elle place dans ses rayons.
La norme, non obligatoire pour la mise sur le marché, devrait séparer le bon grain de l’ivraie.
LES CHIFFRES
1 kg d’éthanol brûlé = 1,4 kg de CO2, trois fois moins que le propane et les hydrocarbures.
Rendement calorifique de l’éthanol : 2 fois inférieur à celui des hydrocarbures. Au total, l’éthanol émet 20% de moins de CO2 que les combustibles fossiles.
Source : Commission de Sécurité des Consommateurs